L‘Institut de biomécanique humaine Georges Charpak, qui consacre un quart de ses activités au sport, est dans les starting-blocks avant les JO. Entretien avec son directeur, le professeur Philippe Rouch.
L’Institut travaille sur des enjeux de santé et sociétaux. Comment s’inscrit le sport dans votre activité de recherche ?
L’Institut est aujourd’hui organisé autour de deux équipes de recherche. L’une d’elles travaille sur le handicap et sur le sport et en particulier sur l’optimisation de la performance et la réduction des risques de blessures. Nous avons initié ces travaux dans les années 2000, notamment via la professeure Patricia Thoreux (chirurgienne orthopédiste à l’hôpital Avicenne, PXIII) et le professeur Sébastien Laporte (Arts et Métiers) en collaboration avec la Fédération Française de Rugby.
À partir de 2010, cette composante du laboratoire s’est beaucoup enrichie : nous développons des méthodologies d’analyse personnalisée pour de très nombreux sports : rugby, football, basketball, tennis de table, gymnastique, golf, etc.
Vous intervenez sur tous les types de sport ?
Sur le principe, oui car les démarches scientifiques que nous utilisons partage un patrimoine scientifique et méthodologique commun. Ces approches se basent sur des modélisations personnalisés 3D des athlètes via le système EOS. Nous utilisons le plein potentiel des modèles 3D proposés par la professeure Wafa Skalli qui sont couplés à des modèles d’analyse de mouvement pour recréer de véritables jumeaux numériques des athlètes.
Il est alors possible de comprendre, d’analyser et d’optimiser les gestes, de même qu’il est possible de simuler le chargement du système musculosquelettique et de lier ces informations aux risques lésionnels. Nous revisitons les différents sports à travers ces acteurs numériques.
Pour donner quelques exemples, nous analysons le swing du golfeur avec l’équipe de France de Golf pour gagner en performance. Dans le rugby, nous étudions l’influence de la géométrie du crâne sur le risque de commotion cérébrale de même que l’influence du type de terrain et du type de crampons sur la traumatologie du genou. Nous travaillons en priorité pour des clubs français comme le Racing 92. La Ligue Nationale de Rugby est très intéressée par ces travaux et nous déposons aujourd’hui une très grande étude à World Rugby ce qui, nous l’espérons, permettra de faire rayonner notre établissement au niveau international.
Quels sont les projets autour des Jeux Olympiques ?
Nous travaillons avec la Fédération de Golf sur l’optimisation de la performance à travers l’échauffement neuro-cognitif. Il faut en effet aussi échauffer son cerveau pour une meilleure appréhension d’un environnement très complexe.
Nous avons un projet de chaussures instrumentées pour le foot et le rugby. Elles permettront de mesurer très finement la répartition des pressions à l’intérieur des chaussures ainsi que les efforts de contacts au sol.
Enfin, nous poursuivons nos recherches dans le handisport avec l’optimisation des fauteuils roulants pour le tennis ou encore la course.
Par Valérie Van Oost